cousew arthur
Né en 1997
Biographie
Hiver, 2017 à 2018. La Mongolie, pays des steppes, des chevaux et des yourtes.
Peuplé de ces gens, dont le bon accueil est de coutume. Ce peuple qui, au XIIIème siècle, uni par Gengis Khan et sa descendance, arriva aux portes de l’Europe et fit une peur bleue à l’Occident. Ce pays où je mis les pieds la première fois durant l’été 2016, où je fus surpris par la bienveillance de ses habitants et la rudesse de la vie qui se menait hors de la capitale. Vie déjà rude en période estivale, mais qu’en était-il de l’hiver ? Car, sachons-le, la Mongolie se situe juste en dessous de la Sibérie, au sud du lac Baïkal. Comment vivre au milieu de nulle part, dans une yourte (tente traditionnelle mongole), en se nourrissant majoritairement de viande et de lait fournis par le bétail, sans vraie puissance électrique ni eau courante, avec des températures bien en dessous de zéro ? Ce sont ces questions qui m’ont poussé à y retourner. Prendre l’avion pour un si long trajet peut être pratique, mais cher et d’un ennui trop grand pour mes jambes. Pourquoi ne pas partir de Moscou, suivre la ligne du Transsibérien et rejoindre en train Oulaan-Bator, capitale du « Pays au Ciel Bleu »? Me permettant de découvrir à la même occasion la Russie, le plus vaste pays de notre monde, d’où viennent mes ancêtres ? Ces trois photographies sont issues d’une série plus nombreuse, prise durant ce voyage hivernal.
« РЖД », diminutif de « Российские Железные Дороги » [Rassiïskié Jeliznié Daroguié] ; dans notre language « RJD, Chemins de Fer Russes ». Sigle de la la compagnie des chemins de fer de Russie, dont les trains peuvent traverser jusqu’à 7 fuseaux horaires différents, de la capitale, côté occidental, à l’autre bout de la Sibérie. 7 journées sont nécessaire de Moscou jusqu’à Vladivostok, voisine du Japon. Pour rejoindre la Mongolie, il m’aura fallut 5 jours de train, dont 3 nuits dans un même wagon, que je partageais avec une cinquantaine de personnes. Une seule horloge, qui affiche l’heure moscovite. Cela ne changera pas, même après les kilomètres qui nous séparent de ce fuseau horaire là, qui se comptent vite en milliers. Le soleil se lève et se couche, ayant de moins en moins de cohérence avec la pendule. C’est un voyage à travers le temps et l’espace. Au fur et à mesure de notre avancée vers l’est, la neige devient de plus en plus blanche, de plus en plus épaisse. 3°C… 0°C… -7°C… -15°C… Le temps se rafraîchit, les températures chutent, les narines gèlent, le vent est d’un froid mordant.
Tuul, Maniga et leurs enfants.
Famille mongole vivant dans la province du Bayankhongor (Mongolie du sud). C’est grâce a eux que je pus découvrir ce mode de vie qui m’intriguait tant, en me laissant vivre avec eux pendant un mois et un jour. Tuul, la mère, restait au village dans leur appartement (lieu de la photo), s’occupant des enfants, pendant que Maniga et moi vivions la majeure partie du temps dans un petit camp de trois yourtes à un peu moins d’une heure de route en camionnette. Deux autres familles vivaient dans ce camp, que j’appelais "voisins" ; chaque soir nous nous réunissions dans une de ces trois yourtes pour le dîner. Je les aidais dans différentes tâches, souvent liées au bétail aux alentours du camp. Il arrivait aussi que je m’occupe des enfants lorsque que nous étions de passage au village. Il était très difficile de communiquer, impossible de dire plus que "bonjour", "merci", "au-revoir", mais cela ne nous a pas empêché de rire et de nous comprendre. Je serai toujours reconnaissant de ce qu’ils m’ont permis de vivre et de découvrir.
La Porte.
Frontière entre deux mondes. Un désert de glace infini, où les éléments règnent. Vallées et collines blanches, trônes des neiges et royaume du vent. La yourte, protectrice de l’Homme. En son sein, le four, maison de cet être incandescent, petit dieu qui, en échange de bouses séchées ou de charbon, fournit Tsuteh-tseh (thé au lait de yack, boisson salée, traditionnelle au pays), mouton bouilli, chaleur, confort et énergie. Cette porte que l’on pousse sans frapper, son seuil enjambé le dos courbé, signe d’espoir pour le cavalier épuisé.
Arthur Cousew
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