dupuy philippe
Née en 1960
Biographie
Sur une initiative du ministère de la Culture dans le cadre de l’année de la bande dessinée, le Centre national des arts plastiques (Cnap), en partenariat avec l'Association de développement et de recherche sur les artothèques (ADRA) et la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image ont sélectionné 12 artistes sur 322 candidatures reçues, suite à l’appel à candidatures passé en novembre 2020.
Le comité de sélection a choisi 12 artistes : Stéphane Blanquet, Clément Charbonnier-Bouet, Jérôme Dubois, Loulou Picasso, Philippe Dupuy, Pierre La Police, Camille Lavaud, Gabrielle Manglou, Amandine Meyer, Lisa Mouchet, Saehan Parc et Sammy Stein.
On ne présente plus Philippe Dupuy aux amateurs de bande dessinée. Il a commencé à publier dès ses études aux Arts décoratifs de Paris, en 1979, et n’a jamais cessé depuis, en France comme en Belgique. Il a partagé, en 2008, le grand prix d’Angoulême avec son complice Charles Berberian : ils ont en effet co-signé d’innombrables ouvrages depuis 1983, albums bien sûr, mais aussi livres d’artiste, sérigraphies et / ou lithographies. C’est justement une lithographie qu’il propose dans le cadre de la commande Emanata *.
L’image se présente comme la page d’un journal intime. Le «collage » de photolithographies emprunte à un album de famille, au sens strict — la vue de plage a été prise dans les années 1920 par son grand-père — comme au sens figuré : les photogrammes d’algues et de coquillages sont un hommage à Man Ray, l’un des maîtres de Philippe Dupuy. Les notes renvoient, quant à elles, à un épisode autobiographique douloureux — une paralysie temporaire de la main droite — qui a conduit l’artiste à dessiner plusieurs mois de la main gauche, et à laisser advenir sous sa plume des figures malhabiles. Le titre de l’oeuvre, Left (en anglais, « left », c’est bien entendu la gauche, mais c’est aussi le participe passé de « to leave », « laisser », « lâcher prise »), met le spectateur sur la voie de cette source cachée, tout comme le texte intégré à l’image, qui évoque l’« oubli du geste coutumier », le « membre fantôme » et la « main qui sait ». Il faut pour déchiffrer ces mots faire un effort. Ils sont, pour la plupart, écrits en miroir, inversés de droite à gauche, comme font les graveurs sur leurs planches pour que l’impression restitue textes ou signatures à l’endroit. Philippe Dupuy réussit le petit prodige de nous parler de lui — et en réalité de nous parler de nous — tout en commentant le procédé qu’il utilise, dans un geste aussi profond qu’il est élégant et léger. A. B.
A . B . C . D . E . F . G . H . I . J . K . L . M . N . O . P . Q . R . S . T . U . V . W . X . Y . Z
œuvre
Left, 2021
Lithographi, photographie [71x100 cm]
Cote : 1190 DUP
en savoir plus
Découvrez Magali, illustratrice de "Monsieur Reste-Ici & Madame Part-Ailleurs" (autrice : Agnès de Lestrade / éd. Sous les feux de la critique cette semaine, deux bandes dessinées : "Peindre ou ne pas peindre, l'intégrale" de Philippe Dupuy (Editions Dupuis) et "Tunnels" de Rutu Modan (Editions Actes Sud) Pour en parler aux côtés de Lucile Commeaux : Sarah Ihler Meyer, critique d’art et commissaire d’exposition et Antoine Guillot, producteur de Plan Large sur France Culture