ghosn sandra
Née en 1983 au Liban
Biographie
Sandra Ghosn est une artiste libano-française née en 1983 à Beyrouth durant la guerre civile. Diplômée en Illustration et bandes dessinées à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (2006), elle étudie l’Image imprimée à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (2007).
Sa première mosaïque, Ancestors, est récompensée aux Rencontres Internationales de Chartres en 2009. Puis l’artiste expose en 2013 à Paris à l’Inalco - Institut national des langues et civilisations orientales. La dizaine d’œuvres présentées est centrée sur le désir, la sexualité et la confrontation au passé. « C’était ma première rupture avec le monde académique du dessin, j’ai voulu dessiner ce qui me fascinait et les liens entre mes différentes émotions, selon ce que mon support me dictait de faire.»
Ayant créé des dessins pour les éditions Points, le journal Libération ou Ninth Art Press, Sandra Ghosn participe au fil des ans à plusieurs expositions internationales en République Tchèque, en Italie, au Liban et expose en France au salon DDessin, à la galerie Corinne Bonnet, à la Ferme du Buisson (pour le Pulp Festival), l’Institut du Monde Arabe ou à l’École Normale Supérieure. Elle publie aussi en 2017 un livre d’artiste aux éditions Les Crocs Électriques et se voit récompensée en 2019 par le Prix Mahmoud Kahil. Elle a par ailleurs signé la couverture de l’Anthologie du Collectif Samandal Comics récompensée du Fauve de la BD Alternative au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2019.
Animé par la volonté de donner forme à cet appétit rebelle nommé Désir, l’art de Sandra Ghosn cartographie un territoire nomade glissant entre fantasme et réalité contemporaine. Sandra Ghosn pratique le dessin, qu’elle réalise essentiellement à l’encre noire.
L’encre de Chine, par son caractère inaltérable et définitif (le retour en arrière et l’effacement étant hors de portée), invite l’artiste à adopter une double posture : celle de devoir accueillir la ligne tracée dans sa nudité quitte à la contourner, quand celle-ci lui paraît incomplète par ajout de strates successives.
Ainsi les œuvres deviennent le territoire d’un jeu de travestissement situationnel au gré de la superposition des traits et des trames.
La plume, quant à elle, donne le ton : tendresse, profondeur et précision d’autant plus que cet outil ouvre l’accès à une lente temporalité, synchronise la durée de la création avec celle du temps intérieur.
Le résultat ressemble ainsi à la photographie d’un long rêve.
À travers sa confrontation avec l’œuvre, le spectateur oriente par son propre regard le sens des récits qui la constituent.
Ce processus d'échange est un élément déterminant des images de Sandra Ghosn, puisque le spectateur les recompose au moyen de son désir intime.
La création n'en devient que plus totale, collaborative et citoyenne.
"L’une des premières occurrences du mot Rasm (ou « dessin » en arabe) se trouve dans la poésie d’Imro’ AlQais (500-550). Elle signifie l’empreinte, le vestige de l’être aimé dans le sable. Guidée par cette transcription, je dessine pour connecter des images, soigneusement enfouies dans ma mémoire, à l’Intelligence cosmique. Pour moi, le trait représente peut-être un chemin heureux vers une aire de jonction, de partage et de continuité". ....Sandra Ghosn
Sandra Ghosn pratique le dessin comme un espace intermédiaire : ici le Moi se débat avec son propre désir.
Un désir socialement investi par des rôles, des scénarios et des imaginaires dont il cherche à se déprendre pour les reconfigurer selon un ordre qui lui appartient. À la surface du papier des figures humaines se démultiplient, se scindent, s’entrechoquent ou s’enchevêtrent comme autant d’instances conscientes et inconscientes, fantasmatiques ou réelles, mythologiques ou spectrales. Dans un premier temps fermement cernés de noir et distinctes les unes des autres, leurs contours tendent aujourd’hui à se dissoudre dans de petites hachures, comme si leur potentiel clivage se résorbait progressivement.
Sarah Ihler-Meyer
A . B . C . D . E . F . G . H . I . J . K . L . M . N . O . P . Q . R . S . T . U . V . W . X . Y . Z
en savoir plus
Souvenirs d'un effondrement inclusif Sandra Ghosn
œuvre
Oreilles en quête d'absolu, 2020
Encre de Chine et cire d'abeille sur papier [28,9x36,5 cm]
Cote 1224 GHO
oeuvre
Encre de Chine noire, gouache blanche, collage et broderie en fil d'argent [42x29,7 cm]
Cote : 1226 GHO