Médiathèque Syracuse

Marcelo Soares Fils de poète populaire, il s'improvise graveur dans les années 1970 pour créer les illustrations. Marcelo Alves Soares compte parmi les grands noms contemporains de la gravure sur bois. L’exposition présente également les œuvres de Erivaldo Ferreira da Silva, Maércio Lopes Siqueira et Francisco Correia Lima (dit Francorli), montrant la persistance de la gravure sur bois dans la création contemporaine, ainsi que l’influence de son histoire avec la littérature de cordel.

La littérature de cordel

La littérature de cordel tire son nom de son mode de diffusion : il s’agissait initialement de petits fascicules appelés folhetos, qu’on épinglait dans les marchés sur des rangées de cordes. Par extension, le terme désigne au Brésil la production littéraire populaire que ces feuillets contenaient. Elle s’est développée au XIXe siècle et a connu son apogée au début du XXe siècle dans le pays, s’imposant comme moyen d’information, d’enseignement et de divertissement. Ces écrits pouvaient prendre la forme de poèmes, de contes, d’épopées, d’écrits humoristiques ou satiriques. Les poètes cordelistes écrivaient sur une variété de sujets, allant de la vie quotidienne à l’actualité politique, de la religion à l’histoire. Ils perpétuaient également une tradition littéraire et populaire propre à chaque région du Brésil.

La xylogravure : la gravure sur bois

Mais quel lien y a-t-il entre la littérature de cordel et la gravure sur bois ? Les feuillets étaient illustrés, afin d’attirer l’œil des lecteurs et de fournir du sens aux analphabètes. Plus particulièrement, des xylographes gravaient des dessins sur la couverture en bois de ces folhetos. La xylogravure est ainsi devenue un marqueur de reconnaissance visuelle de la littérature de cordel, jusqu’à en être indissociable dans l’imaginaire brésilien. En pratique cependant, l’art de la gravure sur bois prend son indépendance à partir des années 1960, pour adopter de plus grands formats.

Cette césure entre la gravure liée au cordel et celle qui s’en détache est exemplifiée dans l’exposition « Bois Brésil » à travers le parcours de l’artiste Marcelo Alves Soares. Né en 1955 à Recife, il a débuté la xylogravure afin d’illustrer les textes de son père, le poète populaire José Soares. Sous l’influence d’artistes cariocas et paulistas, il décide ensuite de ne plus restreindre son art à la couverture de folhetos, mais de l’étendre à de grandes fresques en bois. Ses œuvres, bien qu’elles s’émancipent du cordel, continue cependant d’en porter les codes : elles représentent des personnages de la littérature populaire ainsi que des scènes de vie des plus humbles.